Tout change - il en a toujours été ainsi. Mais ce que nous vivons aujourd'hui nous semble différent. Plus rapide. Plus fragile. Le progrès technologique, les crises mondiales et les tendances sociales marquent notre époque. Nous entendons chaque jour des points de vue et des opinions contradictoires - mais nous ne reconnaissons plus ce qui nous unit. Au contraire, nous nous concentrons sur ce qui nous sépare. Ce que nous avons perdu, c'est un système de coordonnées qui nous permet de nous orienter grâce à la connexion entre ses points. 

Les générations ont également perdu leurs liens. Autrefois, les aînés étaient considérés comme les gardiens de l'expérience et les jeunes apportaient de nouvelles idées. Aujourd'hui, chaque génération semble avant tout s'optimiser elle-même : 

- Les plus âgés tentent de défier le temps grâce à la médecine antivieillissement et le tour du monde en camping-car. Ils se redéfinissent et se détachent des images traditionnelles du vieillissement. 

- Les jeunes se concentrent sur l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée et aspirent à l'épanouissement personnel. Ils accordent beaucoup d'importance à la durabilité et aux idéologies, mais on constate l’absence d’obligation. 
 
Les deux approches ont leur raison d'être. Mais nous oublions que tout est lié - une constatation formulée par le physicien et philosophe Carl-Friedrich von Weizsäcker. 

Un bon système de coordonnées pourrait offrir une orientation selon les lignes directrices suivantes : 

1. la connexion plutôt que la division 
Nous devons réapprendre à voir les liens - entre les personnes, les générations et les idées. Les perspectives différentes ne sont pas un problème si nous ne les considérons pas comme une séparation, mais comme une complémentarité. 

2. des valeurs en tant que boussole 
La durabilité, la justice, le respect et l'engagement pourraient être les piliers centraux de ce système de coordonnées. 

3. Redéfinir la sagesse des aînés 
Nous, les aînés, ne devrions pas être perçus comme un « frein » au progrès, mais comme un pont entre le passé et l'avenir. 

4. Le dialogue plutôt que le dogme 
Les opinions fermes peuvent être une orientation, mais elles deviennent rapidement des barrières si elles sont idéologiques et si elles ne sont pas remises en question. 

Nous, les aînés, pourrions jouer un rôle dans ce système de coordonnées, non pas en tant que donneurs de leçons, mais en tant qu'accompagnateurs et donneurs d'impulsions. Il ne s'agit pas de dire aux jeunes comment ils doivent vivre, mais de leur offrir des outils et des perspectives avec lesquels ils peuvent construire leur propre avenir. Et l'avenir a aussi besoin de racines. 

J’aimerais : 
- Partager des histoires : Transmettre des expériences qui n'enseignent pas, mais qui inspirent. Les jeunes n'ont pas besoin de recettes, mais de véritables histoires d'échec et de réussite. 

- Favoriser les rencontres : Créer des occasions où les générations peuvent se parler, échanger des idées et apprendre ensemble. 

- Donner l'exemple plutôt que prêcher : Donner un exemple visible de responsabilité, de durabilité et de valeurs - au quotidien et au travail. 

- Renforcer l'engagement : Nous, les aînés, pourrions redevenir plus engagés, car l'engagement fait partie intégrante de la volonté de lier quelque chose. 

Un système de coordonnées durable est le fruit d'un dialogue commun et d'un respect mutuel inconditionnel. Nous, les aînés, avons la tâche de construire des ponts, de transmettre des connaissances et des valeurs, sans pour autant arrêter le changement. Il est temps que nous reprenions conscience de ce qui nous unit. Car le changement est normal. L'orientation l'est aussi - si nous avons le courage de la réorganiser ensemble. 

Sur l'Auteur Matthias Mölleney